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La politique tarifaire de Trump, ou comment se tirer une balle dans le pied

jpdumas007

Dernière mise à jour : 20 févr.







Jean-Pierre Dumas

Le 17 février 2025



“This will be the golden age of America! will there be some pain? yes, maybe (and maybe not!). But we will make America great again, and it will all be worth the price that must be paid. we are a country that is now being run with common sense — and the results will be spectacular!!!” 

D. Trump, 47e Président des États-Unis

 

"Trade wars are good and easy to win’’

D. TRump,

Really?


"Under free trade the trader is the master and the producer the slave. Protection is but the law of nature, the law of self-preservation, of self-development, of securing the highest and best destiny of the race of man.’’

W. McKinley, 1892, 25è Président des États-Unis, le héros de Trump. Met en œuvre une politique protectionniste




Les États-Unis détiennent le déficit de la balance des paiements courants le plus élevé au monde. En 2023, il atteignait environ 900 milliards de dollars, soit environ 3,3 % du PIB américain. Ce déficit est 30% supérieur au surplus cumulé des trois plus gros exportateurs mondiaux, l’Allemagne, la Chine et le Japon.


Figure 1 Les États-Unis ont un déficit courant très élevé et un taux d’épargne faible

Source : International Monetary Fund, World Economic Outlook Database, October 2024


Trump comme un bon populiste considère que son pays est la victime du comportement agressif des autres pays. Ce déficit externe est essentiellement dû aux États unis eux-mêmes. Les Américains ont une propension à consommer élevée, le résultat est que leur ratio d’épargne est faible; or, si l’épargne globale est inférieure à l’investissement global, cela se traduit par un déficit externe (S-I = X-M).

 

Certes, la Chine ne respecte pas toujours les règles internationales. Elle accepte les investissements étrangers, mais pille toutes leurs technologies (les entreprises étrangères sont aussi responsables). De plus, le gouvernement chinois subventionne largement ses entreprises exportatrices. Dans ce cas, on prend des mesures ad hoc.

 

Le Président Trump, qui est avant tout un populiste (c’est-à-dire un homme qui agit au premier degré), a découvert la pierre philosophale, l’instrument à tout faire, les droits de douane. Les droits de douane vont permettre de : i) lutter contre le déficit externe américain ; ii) protéger l’industrie américaine ; iii) fournir des recettes fiscales supplémentaires qui vont permettre de réduire les impôts sur les revenus, les étrangers vont payer pour les Américains, et ; iv) servir d’instrument de négociation pour obliger nos partenaires/adversaires d’entrer dans nos vues (c’est en contradiction avec la loi de Tinbergen, un instrument par objectif).

 

Trump semble manquer de culture historique et économique. Sur le plan historique, il semble méconnaître les effets néfastes sur l’économie mondiale du Smoot-Hawley Act (1930) qui a entraîné une guerre commerciale au niveau mondial qui a accru la crise financière de 29. Sur le plan économique, la hausse des droits de douane décrétée par le Président Trump va, si elle est réellement mise en œuvre (avec Trump rien n’est sûr), pénaliser gravement les États-Unis et, contrairement au bon sens commun, l’Europe devrait éviter d’entrer dans une guerre commerciale.


1.    Que se passe-t-il si le Président augmente les droits sur les produits finis ?

Le président Trump a ordonné, le 3 février, d’imposer des droits de douane s’élevant à 25 % de la valeur CIF des importations sur tous les produits en provenance du Canada et du Mexique. Il a ensuite décidé de reporter cette mesure pour un mois après avoir eu des “wonderful ’’ conversations avec les dirigeants de ces pays.

 

Le 4 février, il a augmenté les tarifs de 10% sur toutes les importations en provenance de Chine. Cette augmentation fait suite à un accroissement des tarifs de 20% en 2017 lors du premier mandat Trump, de telle sorte que le tarif moyen sur les produits importés de Chine s’élève à environ 30%. La hausse des tarifs de 10% s’appliquera à tous les produits, y compris les biens de consommation (iPhones, ordinateurs, jeux vidéo, consoles et jouets), produits non touchés par la hausse des tarifs durant le premier mandat Trump (liste 4B).

 

Admettons que Trump mette en œuvre sa menace, il impose un droit de 25% sur les pays qui exportent aux États-Unis. Le Président est agacé de voir à New York des Mercedes, des Porsche, des BMW, des Stellantis, des Toyota, alors qu’il y a beaucoup d’excellentes voitures américaines. Il faut mettre un frein à cette invasion intolérable ; il ordonne un droit de douane de 25% sur toutes les importations de voitures. Que va-t-il se passer ?

 

Deux effets, un pour le consommateur, les prix de voitures importées et produites aux États-Unis vont augmenter de 25%. Le taux nominal de protection (TNP) s’élève à 25%. Le TNP est le droit de douane qui s’applique sur la valeur (CIF) d’un produit fini importé. Trump a critiqué l’administration Biden pour l’inflation aux États-Unis, une politique de tarif élevé va accroître les prix des produits protégés par un droit exorbitant.

 

Pour les producteurs qui produisent entièrement aux États-Unis, c’est le paradis. Ce qui compte pour le producteur, c’est la valeur ajoutée (VA) qu’il dégage, soit la somme de la valeur qu’il crée. La VA est la somme de la masse salariale, des profits et des impôts distribués ; or B. Balassa (1982) démontre que l’augmentation de VA due à la protection est supérieure au taux nominal de protection.

 

Dans notre exemple schématique, il n’y a pas de droits sur les importations des intrants et le produit final, (les voitures) est taxé à l’importation à 25% (cf. tableau 1).

 

Tableau 1 Le taux nominal de protection sur l’output s’élève à 25%, alors que le taux effectif (EPR) s’élève à 62.5% 


Le Taux Effectif de Protection (TEP) (“Effective Rate of Protection’’, en anglais) est l’augmentation de la VA rendue possible grâce au tarif par rapport à une situation sans tarif (M. Corden). Dans notre exemple, l’augmentation de la valeur ajoutée (VA) réalisée par l’entreprise protégée par un droit de 25 % s’élève à 62,5 %. Le taux de protection effectif est plus élevé que le taux de protection nominal. Pour le consommateur, le prix des voitures a augmenté de 25% ; pour le producteur, sa VA (somme des salaires, des profits et des impôts potentiels) a augmenté de 62.5%.

 

Les producteurs étrangers de voitures (principalement européens) qui exportent aux États-Unis seront touchés, principalement les exportateurs allemands (BMW, Mercedes et VW).

 

L’idée de Trump, qui raisonne toujours au premier degré, c’est que l’industrie des automobiles américaine étant protégée par le tarif, va utiliser cette rente pour se développer. C’est l’argument utilisé par les pays en développement pour justifier l’imposition de tarifs élevés pour protéger leurs “infant industries’’, il est difficile de considérer que l’industrie américaine est une “infant industry’’. La protection permet à l’industrie ou au secteur concerné de se développer à l’abri de tarifs élevés, mais elle a aussi pour effet de l’isoler de la concurrence mondiale. Elle sera moins tournée vers la réduction des coûts et l’innovation. Il est probable que, si l’industrie automobile américaine avait « bénéficié » d’une protection effective s’élevant à 62.5%, Tesla n’aurait sans doute pas vu le jour.

 

Donc des droits de douane, qui augmentent de 25% sur les produits finis, entraînent une hausse des prix de ces produits de 25% et un accroissement de revenu de 62.5% pour les producteurs. Cela est inflationniste pour le consommateur et source de rente pour le producteur. En fin de compte, un droit de douane sur les produits finis s’analyse, sur le plan économique, comme une subvention fournie par les consommateurs aux producteurs.



2.    Que se passe-t-il si le Président déclare un tarif de 25% sur des intrants : l’acier et l’aluminium?


Mexico and Canada owe us a lot of money, and I’m sure they’re going to pay’.’

D. Trump


D. Trump a signé le 12 mars un décret instaurant un tarif de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium. Cette annonce laisse pour le moins perplexe. Tous les pays, y compris les États-Unis, le Canada, les pays de l’UE et le Japon, avaient, jusqu’à présent, laissé entrer les produits intermédiaires ou les matières premières libres de droits et imposé des taux faibles sur les produits finaux. Ce monde du libre-échange (qui nous a enrichis sans que nous le sachions) est en train de se terminer à cause de Trump.

 

Figure 2 Les pays les plus affectés par l’imposition de tarifs sur l’acier et l’aluminium


Aujourd’hui (avant les décisions de Trump), 80% des importations d’acier par les États-Unis étaient libres de droits sous des traités entre les États-Unis, le Canada, le Brésil, le Mexique et l’UE. Les États-Unis importent 70% de son aluminium, dont 60% libres de droits.

 

Tout accroissement élevé des droits sur des intrants (acier et aluminium) a deux effets, un effet de protection (hausse des prix) pour les producteurs d’intrants (25% dans notre ex.) et un effet de dé-protection sur les producteurs qui utilisent ces intrants (-37.5% dans notre ex.) (cf. tableau 2). L’acier et l’aluminium sont des produits intermédiaires qui entrent dans la fabrication d’autres produits. Tout accroissement de prix aura des répercussions sur les coûts des produits finaux qui utilisent ces produits intermédiaires. La hausse des tarifs sur les intrants est équivalente à une subvention fournie par les entreprises qui produisent des biens finaux aux entreprises d’acier et d’aluminium.

 

Si on utilise la méthodologie de B. Balassa, on constate que le taux de protection nominale a augmenté de 25 % pour les producteurs d’acier et d’aluminium. Cependant, ces produits étant des intrants pour la production d’autres biens, la valeur ajoutée de toutes les entreprises qui les utilisent a diminué de 37,5 %. Par conséquent, les composantes de la valeur ajoutée des entreprises de biens finaux, telles que la masse salariale, les profits et les impôts distribués, ont également diminué de 37,5 %. Cette baisse de salaire signifie hausse du chômage pour toutes les industries qui utilisent l’acier et l’aluminium comme produits intermédiaires. Dans la mesure où beaucoup d’entreprises utilisent ces produits de base (automobiles, construction, etc.), il faut s’attendre à une hausse du chômage aux États-Unis (et dans les autres pays du monde).

 

Tableau2 Le président décide d’imposer les intrants acier et aluminium (il a oublié que ces intrants sont utilisés pour produire des …véhicules)


Le taux de protection effectif est négatif (-37,5 %) pour les consommateurs de biens finaux, c.-à-d. pour les producteurs qui utilisent des intrants en acier ou en aluminium (par exemple, les fabricants de voitures). Ils pourraient, pour lutter contre cette baisse de VA, augmenter les prix de 15 % dans notre exemple, quitte à voir leurs ventes baisser. Ils demanderont alors à leur cher président de les protéger par un droit de douane sur les importations des voitures. Le Président, qui considère les tarifs comme le plus beau mot du dictionnaire, sera ravi d’accroître les droits sur les voitures de 25%.

 

Tableau 3 Le président écoute la plainte des constructeurs nationaux de voitures et accroît les droits sur les voitures de 25% (sans supprimer les droits sur les intrants)


Le taux de 25% sur les intrants et le produit fini a pour effet d’accroître le prix des voitures de 25%, le taux de protection effectif des producteurs de voitures de négatif devient positif. Mais ce n’est pas fini, toutes les industries qui utilisent de l’acier et de l’aluminium vont se retourner contre Trump pour lui demander une hausse des tarifs sur leurs produits pour les protéger de ces importations inacceptables. Le résultat, une hausse des prix généralisée de 25%. Pour un Président qui est contre l’inflation, c’est embarrassant. Les anticipations d’inflation commencent à augmenter, cela annule toute velléité de la part de la Fed de réduire les taux directeurs.

 

Trump, qui semble avoir des difficultés à considérer plusieurs idées simultanément et leurs relations mutuelles, cherche aujourd’hui à stimuler les industries de l’acier et de l’aluminium des États-Unis (chaque jour apporte son nouveau coup d’éclat). Il a un objectif, développer ces deux industries en les protégeant par un tarif très élevé. Néanmoins, un tarif, même prohibitif, n’est pas une condition suffisante pour accroître la production nationale. Il semble que les États-Unis n’aient pas la capacité de produire certains aciers raffinés. En outre, les États-Unis ont peu de fonderies d’aluminium et en construire de nouvelles prendra des années (cf. TE/donald-trumps-super-bowl-tariffs-are-an-act-of-self-harm).

 

Trump, en protégeant ces deux industries faibles, va accroître artificiellement leurs revenus au détriment de milliers d’entreprises en amont plus dynamique qui vont être pénalisées par des coûts d’achat plus élevé. C’est le contraire d’une politique industrielle rationnelle. Tous les experts en politique du développement ont expliqué aux pays du tiers monde que la substitution des importations était erronée et voilà que le nouveau Président du plus grand pays du monde tombe dans cette trappe. C’est consternant.

 

Apparemment, le Président Trump n’a pas lu B. Balassa (Development strategies in semi-industrial countries, 1982) et M. Gorden. Le concept de taux effectif de protection (TEP) n’est pas nécessairement sa “cup of tea’’. Vous allez me dire qu’un président n’a pas besoin de lire des livres de politiques économiques, au demeurant fort ennuyeux. Certes, mais alors il devrait avoir des conseillers qui ont un minimum de cultures économiques pour lui prodiguer des conseils avant de prendre des décisions à l’emporte-pièce. Trump agit en homme d’affaires qui fait des “deals’’, il n’a que faire de conseils ; néanmoins, si on ne pense qu’en termes de “deals’’ en abusant de son pouvoir dominant, on peut non seulement ne pas gagner, mais perdre beaucoup (on ne gagne pas toujours au poker).

 

Non seulement les tarifs créent des distorsions, en outre, ils détruisent les chaînes de production. L’année dernière, 3.6 millions de voitures ont été importées du Canada et du Mexique (16% de la valeur des ventes). Cette production est le résultat d’une chaîne de production complexe entre les trois pays. De nombreuses pièces sont élaborées au Canada et au Mexique et passent plusieurs fois la frontière. Pour des raisons de coûts comparatifs, une voiture vendue aux États-Unis peut traverser sept fois les frontières entre les États-Unis - le Mexique et le Canada. Environ 40% des voitures vendues par Stellantis aux États-Unis proviennent du Mexique et du Canada, un tiers pour GM. Tesla fabrique ses voitures aux États-Unis, mais importe un quart de ses composantes du Mexique. (source : TE/No-one-gains-from-American-tariffs-on-cars-from-Mexico-and-Canada). Les États-Unis utilisaient les riches ressources du Canada, le bas prix de la main-d’œuvre mexicaine pour produire des biens manufacturés souvent à haute technologie. Cette chaîne de valeur d’entrée-sortie entre des pays complémentaires et liés par des accords commerciaux était profitable pour tous. Les tarifs sur les intrants vont détruire ces chaînes de valeur et vont réduire les  profits et le niveau de compétitivité de ces industries d’une manière durable (même quand les tarifs auront été supprimés). Trump est en train de mettre en péril durablement la croissance américaine et mondiale.


3.    Est-ce que l’instauration de droits de douane élevés va réduire le déficit externe des États-Unis ?


C’est une erreur commune que de penser que la protection sous forme de tarif va améliorer la balance courante d’un pays. Le déficit externe des États-Unis est dû à un excès de consommation (privée et publique) de la part des Américains, donc un taux d’épargne faible (cf. tableau 4). Si l’épargne globale (privée et publique) est inférieure à l’investissement global (privé et public), alors la balance des paiements courante (X-M) est négative. Le déficit budgétaire américain considérable contribue à ce déficit externe (idem pour la France). Ce ne sont pas des droits de douane qui vont changer ces fondamentaux. Une manière pour les États-Unis (comme pour la France) de réduire son déficit externe serait de réduire son déficit budgétaire, ce dernier s’élève à 6% du PIB en 2024 (comme en France). Trump a de grands projets qui se traduisent par de grandes dépenses (acheter le Groenland, instaurer un fonds souverain (alors que l’État a plus de passifs que d’actifs). En outre, Trump considère que le surplus (si surplus il y a) d’impôts collecté par le Trésor du fait de droits additionnels ne servira pas à réduire le déficit budgétaire américain, mais à réduire les impôts sur les revenus, donc pas de réduction du déficit budgétaire dans l’esprit de Trump. Néanmoins, son Ministre des Finances, S. Bessent, déclare que son objectif de déficit est 3% du PIB (comme la France…) devant l’imprévisibilité de son patron, on a quelques doutes sur la faisabilité de cet objectif très ambitieux. Quant à la croissance réelle projetée par Bessent à 3% par an, on peut avoir des doutes. Ce n’est pas avec des droits de douane inopinés et dans tous les sens que l’on va obtenir une croissance de 3%.

 

Tableau 4   S-I est négatif aux États-Unis


Ce déficit courant est financé par des capitaux en provenance des autres pays qui sont attirés par des rendements financiers supérieurs aux États-Unis à ceux des pays européens.

 

Le taux de change réel s’apprécie sous l’effet de la protection fournie par les droits de douane (les prix des biens non échangeables augmentent par rapport aux prix des biens échangeables, ce qui correspond à une appréciation réelle du taux de change). Cette appréciation du dollar a pour effet de réduire les exportations états unièmes et accroître les importations des États-Unis. Autrement dit, instaurer des tarifs élevés est équivalent à mettre des impôts à l’exportation. Le déficit du solde courant de la balance des paiements américaine ne va pas diminuer par une politique tarifaire.

 

Ces mouvements erratiques sur les droits de douane et la politique commerciale de Trump sont en train d’instaurer un climat d’incertitude dans le monde des affaires non seulement aux US, mais aussi dans le monde, incertitude peu propice à la croissance.


4.    Est-ce que la TVA est un impôt déguisé à l’importation?


Oui pour Trump, non pour un économiste. La TVA est un impôt à la consommation qui est prélevé sur tous les produits consommés en Europe, qu’ils soient nationaux ou importés, c’est identique aux États-Unis: les biens importés aux États-Unis paient l’impôt à la consommation américain. Les biens exportés des pays européens ne paient pas la TVA européenne, mais, quand ils arrivent aux États-Unis, ils acquittent l’impôt à la consommation américaine. La TVA est un impôt à la consommation qui ne pénalise pas les importations.


5.    Faut-il que l’Europe réciproque?


La majorité des pays sont, à juste titre, indignés devant autant de prépotence et de non-respect des règles internationales, mais on a vu que la hausse des tarifs du côté États-Unis si elle va heurter les exportateurs vers les États-Unis va surtout mettre à mal les États-Unis. Si l’Europe cherche à appliquer les mêmes règles protectionnistes en représailles, elle sera affectée par les mêmes conséquences économiques, ce n’est pas très intelligent.

 

Figure 3 Part des exportations des pays dirigée vers les États-Unis

Contrairement à la majorité (totalité) des commentateurs en France, nous pensons que ce n’est pas naïf de la part de l’Europe de maintenir ses principes de libre-échange. Si Trump lance son attaque tarifaire sur toutes les exportations en provenance de l’Europe, ce sera un coup supplémentaire qui s’ajoutera au ralentissement actuel de l’Europe. En outre, la Chine qui va se heurter au protectionnisme américain, va donc se tourner de plus en plus vers l’Europe. L’Europe dépend des exportations plus que tout autres régions, mais elle bénéficie d’un vaste et riche marché intérieur.

 

La réponse à Trump devrait être : « Libre à vous de détruire votre économie par des tarifs. Pour notre part, nous ne souhaitons pas suivre votre exemple, nous préférons nous tourner vers des partenaires moins fantasques et plus fiables. »

 

6.    Fin de la mondialisation?


La protection dans un pays riche réduit le gain du commerce international partout dans le monde. Elle pénalise les résidents du pays riche qui la pratique (à l’exception des secteurs protégés) et elle pénalise les pays (riches et pauvres qui exportent vers le pays protectionniste).

 

Trump recommence la guerre commerciale engagée par les États-Unis en 1930 avec le Smoot-Hawley Act, qui, en accroissant les tarifs en moyenne 20%, a déclenché une guerre des tarifs entre les États-Unis et ses alliés. Ça a été une des causes de la grande dépression. Il a fallu des décennies pour que le monde occidental, sous l’impulsion des États-Unis, revienne à des droits faibles afin de permettre au commerce international de se développer. Le fait qu’un homme aussi inculte que Trump ait pu convaincre le parti Républicain que l’ennemi c’est le libre commerce et l’arme les tarifs est extrêmement inquiétant pour l’Occident.

 

Alors, certains diront, vous ne connaissez pas Trump, ce qui compte pour lui c’est qu’il soit l’attention du monde entier avec une nouvelle quotidienne tonitruante. Et puis les tarifs sont un outil multi-usage. Trump menace des tarifs s’élevant à 50% sur les exportations colombiennes pour que les autorités acceptent le rapatriement d’illégaux dans leur pays d’origine et ça marche (la France se garde bien d’appliquer de telles mesures). Trump annonce des droits de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada et du Mexique. Le jour suivant, il téléphone aux chefs d’État de ces deux pays et conclut un “deal’’ (pour un mois). Il accepte de suspendre les droits de douane contre un meilleur contrôle des frontières de ces deux pays (contrôle des illégaux et du fentanyl). Les droits de douane de 10% sur toutes les importations en provenance de Chine sont effectifs. Le problème est que Trump n’est plus un commentateur qui s’exprime sur les réseaux sociaux ou qui fait de la téléréalité, mais le Président des États-Unis d’Amérique, on suppose que la parole du Président du plus grand pays du monde devrait être crédible. À force de jouer, de changer d’avis, de ne pas respecter les traités de libre échange conclus par ses prédécesseurs, de pousser grossièrement ses pays alliés (comme le Canada), il peut gagner quelques “deals’’. Il va surtout faire perdre son pays et sa crédibilité dans le monde.

 

 

 
 
 

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