
Jean-Pierre Dumas
18 avril 2022
L’élection présidentielle française, qui va se dérouler le 24 avril, porte sur un choix de civilisation. Est-ce que les Français veulent être dirigés par une populiste pro-Poutine et pro-Trump ou par un Président respecté dans le monde entier, est-ce que, sur le plan économique, les Français veulent suivre une voie socialiste extrême (toujours plus de dépenses publiques) (oui, Mme Le Pen est socialiste sur le plan économique) ou suivre une voie sociale libérale plus modérée, est-ce que les Français veulent rester dans l’Europe ou suivre le modèle hongrois, est-ce que les Français veulent sortir du commandement intégré de l’OTAN ou au contraire renforcer les forces armées contre un ennemi implacable ?
La victoire de Mme Le Pen met en péril le futur de l’Europe. Son euro scepticisme, une politique budgétaire irresponsable peuvent déclencher une crise de la dette non seulement en France, mais aussi dans les pays fragiles de la zone euro (ZE).
La France vacille vers le populisme
Le choix est d’autant plus grave que la France vacille vers le populisme de type trumpien si bien représenté par Mme Le Pen.
Les populistes représentent au moins 58% des votants (cf. tableau 1).
Tableau 1 Le courant populiste représente en France au moins 58% des électeurs

Source : Ministère de l’Intérieur
Un populiste c’est quelqu’un qui raisonne avec des nyaka, faucon. Le raisonnement ne se fait jamais par l’utilisation de concepts (des médiations abstraites), mais par des stimuli qui vont exciter le peuple. Il y a les riches qui ne paient pas assez d’impôts (la preuve, regarder les rémunérations obscènes de PDG comme C. Tavares) et qui sont la cause des inégalités en France (alors que le pays est un des moins inégalitaires parmi les pays riches). Il y a des émigrés qui sont la cause de tous nos maux et l’État va économiser plein d’argent quand on aura supprimé tous les avantages qu’ils reçoivent indûment (alors que le modèle social français, très généreux, est fait par et pour la classe moyenne). L’écologie extrême est devenue une autre branche du populisme et du totalitarisme (chez les écologistes, tout est vu à travers un seul prisme : l’écologie); on oublie que l’écologie ne permet pas de répondre à tous les problèmes. Pour les écologistes, le seul et unique problème de l’humanité est la lutte contre le réchauffement climatique, tout doit tourner autour de cette noble ambition.
Le populisme n’est pas l’apanage de l’extrême droite, l’extrême gauche n’est pas en reste. J-L Mélenchon est un modèle de populisme économique. Il y a de l’inflation, qu’à cela ne tienne, JE vais bloquer les prix. Les gens veulent du pouvoir d’achat, ce n’est pas compliqué, JE mets le SMIC à 1400€. Les gens sont fatigués et veulent travailler moins longtemps, JE maintiens la retraite à 60 ans. JE vais reconstruire l’hôpital (public) en recrutant 100 000 soignants, la cantine sera bio et, bien entendu, gratuite. Il y a une dette à payer, qu’à cela ne tienne, on éliminera la dette scélérate…voilà quelques mesures proposées par J-L Mélenchon. Or J-L Mélenchon est le faiseur de rois (ou de reines) dans ces élections (plus de 20% des voix).
Le populisme, c’est la haine des « élites » qui dirigent en faveur du grand capital. Mme Le Pen (2017) propose la « prise de contrôle des banques et nationalisation de la dette publique en cas de crises graves » cela ressemble furieusement au programme commun de la gauche. C’est l’appel du peuple à remplacer « les élites » et à diriger directement sous la forme d’un référendum d’origine populaire. C’est la recherche d’un bouc émissaire « les étrangers ne font rien et ils nous prennent notre argent ».
Les populistes (de droite et de gauche) s’en donnent à cœur joie contre Macron qui est pour eux l’archétype de l’élite (ENA, banquier, mondialiste) contre "les gens d’en bas".
Qu’est-ce qu’une politique économique de nature populiste ? C’est une politique protectionniste (D. Trump, Le Pen), c’est une politique qui considère que la mondialisation est la source de tous nos maux, elle est la cause de la désindustrialisation, elle est la cause du réchauffement climatique (pourquoi acheter à 10 000km, ce que l’on peut produire près de chez nous ?) (apparemment les populistes ne connaissent pas Ricardo). C’est à l’État à décréter l’augmentation des salaires, quant aux prix, l’État peut les fixer à sa guise.
Il est inutile d’opposer des faits, des statistiques (et encore moins un raisonnement) à un populiste, il est enfermé dans ses croyances et celles-ci ne viennent pas des faits et encore moins des théories. Comme le dit Proust, « les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances » « nos croyances n’ont rien à voir avec les faits...ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir ».
Sur le plan économique, Mme Le Pen est socialiste
Sur le plan économique, Mme Le Pen est une socialiste pure et dure, plus d’État, pour lutter contre le chômage, elle va recruter plus de fonctionnaires, retraite à 60 ans (alors qu’il y a 1.7 actif pour un retraité). Subvention pour l’essence (baisse de la TVA sur l’énergie et le fuel (ce qui correspond à une aide indirecte à Poutine).
Malgré l’assagissement de Mme Le Pen et un programme qui peut paraître raisonnable, beaucoup pensent que son agenda reste radical tant sur le plan intérieur qu’économique. C’est la raison pour laquelle les coûts de son programme élaboré par des think tanks sérieux sous-estiment, à mon sens, les conséquences de sa politique.
D’après nos projections (cf. Figure 1), sous Mme Le Pen, la dette passerait de 115% du PIB (en 2022) à 130% en 2026, ratio inacceptable qui entraînerait une panique sur les taux et l’effondrement des autres pays surendettés de la zone euro.
Le bilan du Président Macron est loin d’être mauvais
Le taux de chômage a diminué (le taux de chômage s’élève à 7.4%, mais il est de 3% en Allemagne et 3.6% aux États-Unis). La France n’a pas atteint le plein emploi et sa population employée est faible par rapport à la population active. Le problème le plus important pour les Français, à l’heure actuelle, est le maintien du pouvoir d’achat dans un monde inflationniste. Mme Le Pen a concentré sa campagne exclusivement sur ce thème et ça marche.
Macron n’est pas, comme le disent les socialistes, « le Président des riches »
Il a fait (d’une manière incomplète) des réformes structurelles. Il a flexibilisé les lois du travail, il a supprimé l’impôt stupide sur la fortune (mesure qui le fait passer pour le Président des riches) qui coûtait à la nation plus que son produit faible fiscal. Il a contribué à ramener les investissements étrangers en France. Il a introduit quelque chose de nouveau en France, la formation professionnelle et l’alternance. Il a compris, contrairement à ses prédécesseurs, qui ont osé dire «qu’on avait tout fait contre le chômage »), qu’une des causes majeures du chômage en France était l’inadéquation de la formation traditionnelle vers l’emploi. L’égalité des chances ne se fera pas par un impôt sur les riches (leitmotiv des socialistes et de M. Piketty), mais par un accès au savoir et à la formation. Il a réduit (très peu) l’impôt sur les bénéfices (mesure qui le fait passer pour le Président des riches).
Il a appliqué une politique budgétaire keynésienne durant la crise du covid qui a permis de réduire la casse en matière d’emplois en copiant le modèle allemand du chômage partiel. Il a dédoublé les classes du primaire dans les zones les plus défavorisées ; c’est, il me semble, une mesure éminemment sociale, étonnant que ce ne soit pas mentionné par les «socialistes». Il a su mener une politique satisfaisante dans la lutte contre le covid (finalement, tous ceux qui ont voulu leurs doses de vaccin l’ont obtenu sans problèmes et cela a sans doute contribué à réduire la contamination en France).
Contrairement à son adversaire, c’est un Européen convaincu. Il a réussi à faire accepter par l’Allemagne des dépenses supplémentaires (€750 milliards) incluses dans le budget de l’UE et qui seront financées par une dette européenne. L’administration française a toujours rêvé de communautariser une partie de nos dépenses au nom de l’Europe. Ces dépenses seront complaisamment financées par l’achat par la BCE de bons émis par la Commission européenne, on peut espérer que cette dette s’évapore.
Certes, ces réformes sont incomplètes. E. Macron reste un gros dépensier, le ratio des dépenses publiques en France s’élève entre 57-60% du PIB, le plus élevé du monde. Il n’a montré aucun signe durant son mandat pour le réduire. Encore moins durant la campagne. En France, un candidat qui dit explicitement qu’il va s’attaquer aux dépenses publiques inutiles perd (voir Fillon en 2017, voir Pécresse, 4.8% des voix). Tant que le fardeau des dépenses publiques pèsera au-dessus des Français, aucune réforme/réduction des impôts ne sera possible. La réforme si nécessaire des retraites n’a pas été faite ; maintenant pour attirer des électeurs de gauche, Macron est prêt à réduire l’âge de la retraite à 64 ans avec un référendum, pour demander au peuple français s’il veut s’arrêter de travailler à 60 ou 65 ans ! Les retraites représentent 14% des dépenses publiques et ne sont pas viables (1.7 cotisant pour un retraité).
Les programmes économiques des deux candidats ne sont pas viables
Le modèle budgétaire du Président Macron est tout sauf soutenable, il ne peut continuer à faire du « quoiqu’il en coûte » sous peine d’avoir un ratio de la dette publique de 120% du PIB en 2026 (contre 114% en 2022).
Nous avons fait une projection de la dette publique sous l'hypothèse de la continuation de la politique budgétaire keynésienne inaugurée par E. Macron en 2020 et 2021. Si on considère que le solde budgétaire se maintient à -7% du PIB sur la période 2022-2026, à ce niveau de déficit, les taux d’intérêt vont augmenter (en outre, la BCE va être obligée d’arrêter la politique du “quantitative easing’’). Compte tenu des déficits projetés, nous projetons les taux nominaux implicites sur la dette française de 1.8% du PIB en 2022 à 4% en 2026. Ce qui donne des taux réels faibles, voire négatifs sur la période (car l’inflation va augmenter). Alors tous les économistes pro-Blanchard nous disent, si le taux de croissance réel (g) est supérieur au taux d’intérêt réel (r ), le ratio de la dette décline automatiquement ; faux, le ratio de la dette augmente ; parce que le ratio du déficit budgétaire primaire sera supérieur à r-g…

Source : auteur
La projection budgétaire avec Mme Le Pen serait pire. On ne peut pas se contenter de faire les projections de la dette en utilisant les programmes des candidats, car leurs programmes sous-estiment leurs dépenses et créent des “shadow’’ recettes. On part de l’hypothèse que Mme Le Pen ne va pas augmenter les impôts et va accroître fortement les dépenses du, moins en début de mandat (très vite la réalité la rappellera à l’ordre). Afin d’éviter des déficits insoutenables, on suppose qu’elle augmentera les prélèvements obligatoires à partir de 2024 ; ce qui aura pour effet de casser la croissance.

Source : auteur
Figure 1 Dans les deux cas l’évolution du ratio de la dette publique n’est pas satisfaisante

Source : auteur
Certes, ces projections ne reflètent pas ce qui va se passer, mais ce qui pourrait se passer si les deux candidats suivaient leurs penchants naturels à toujours dépenser plus.
Le Président Macron, s’il est réélu, devra songer sérieusement à réduire les dépenses publiques d’autant plus qu’en période électorale, il ne parle que de « nouveaux chantiers». Dans le cas contraire, on suivra un scénario de type Mitterrand, où nos partenaires économiques, la BCE, le FMI, l’Allemagne et la Hollande feront des pressions amicales pour faire comprendre à la France qu’elle ne peut pas se permettre des déficits primaires de 4% du PIB compte tenu du niveau de sa dette.
Il n’est pas exactement ce qu’on peut appeler un libéral (haï en France), il a passé son temps à protéger les Français contre les vicissitudes externes (covid, gilets jaunes), interventionnisme dans les nombreuses parties de l’économie, il n’a pas osé entreprendre la réforme des retraites.
Il serait plutôt un interventionniste, il a demandé le contrôle de prix de l’électricité. Il a cédé €10 milliards devant les gilets jaunes. Il n’a pas fait la réforme des retraites. Il sera en difficulté quand il critiquera le programme social dispendieux de M. Le Pen, elle ne manquera pas de lui répliquer qu’avec lui, l’argent a coulé à flots durant la pandémie. Il faudra que Macron démontre que ces dépenses ne sont pas permanentes et qu’elles étaient liées à une crise (gilet jaune, Covid). En fait, les crises succèdent aux crises. Aujourd’hui la nouvelle crise c’est l’Ukraine, puis va s’ajouter le réchauffement climatique qui va coûter un maximum. Il faudra qu’un jour on ait un gouvernement qui comprenne que si on doit ajouter de nouvelles dépenses, on peut aussi en soustraire (ça s’appelle une analyse critique des dépenses publiques). Et puis si Macron est un vrai réformateur il supprimerait le statut du fonctionnaire, source de chômage et d’inégalité.
La question lancinante de l’immigration
Il est difficile de faire l’impasse sur l’immigration tant ce thème a dominé les débats durant la campagne et explique la montée des extrêmes en France. Il y a en France un problème d’immigration et d’assimilation de certaine religion et ce problème n’est pas limité au passé, il est devant nous, il va croître étant donné l’évolution démographique de l’Afrique. Il est difficile de ne pas s’en rendre compte, à moins d'habiter dans le XVIe ou le Ve arrondissement. Ce n’est pas être fasciste que de dire que, peut-être, il serait souhaitable de ralentir (si ce n’est de supprimer) le regroupement familial, que la France devrait instaurer une immigration choisie, tant sur le plan intellectuel que géographique, comme le fait un pays, qui ne semble pas être d’extrême droite, comme le Canada, que les processus d’expulsion devraient s’exécuter en jours et non en années, que le droit du sol n’est plus adapté à la situation actuelle. Pourquoi laisser le monopole de ces thèmes à Mme Le Pen et à M. Zemmour ? E. Macron est étrangement silencieux sur ce sujet.
Les propositions de Gérard Néel (Le contre programme, 2022) sur ce sujet paraissent utiles
Demande d’asile réglée en deux mois.
Les demandes d’immigration doivent dépendre des besoins de l’économie française.
Formation des nouveaux venus à l’apprentissage de la langue française et aide au placement dans les entreprises (cf. modèle allemand).
Priorité à l’immigration en provenance de l’Ukraine pour des raisons évidentes.
Organiser l’immigration au départ et non à l’arrivée
Nous ajouterons, il y a des immigrés au nord de la France qui ne pensent qu’à aller en Angleterre, ce n’est pas le rôle de la police, ni de la douane française de les en empêcher. La France ne s’honore pas en acceptant de l’argent de la Grande-Bretagne pour empêcher ces malheureux de sortir du territoire national.
Rapatriement immédiat des étrangers en situation irrégulière.
Le Président Macron devrait s’en inspirer, lui qui est particulièrement silencieux dans ce domaine.
Un choix de civilisation
Le choix entre Le Pen et Macron est important non seulement pour la France, mais aussi pour l’Europe. C’est plus qu’un choix entre deux candidats de droite et de gauche, c’est un choix de civilisation. M. Le Pen veut sortir du commandement intégré de l’OTAN, elle veut s’opposer à l’Union européenne alors que la France sous Macron y joue un rôle très important. Elle critique les sanctions contre la Russie que tous les pays civilisés ont appliquées sous le prétexte ridicule qu’elles vont réduire « le pouvoir d’achat » des Français. Elle est une amie de Poutine, ce qui est simplement inacceptable aujourd’hui, compte tenu du contexte actuel où Poutine a montré son vrai visage, celui d’un «killer».
Mme Le Pen sur l’OTAN
« l’OTAN n’est plus cette alliance qui protège l’Europe de l’armée rouge, mais une organisation belliciste dont les élargissements successifs visent moins la protection des pays européens que l’encerclement dangereux de la Russie »
M. Le Pen, 11 février 2022.
« L’OTAN a été créée pour l’URSS, aujourd’hui, il n’y a plus d’URSS» interview 2017. S’il n’y a plus d’URSS, il y a, à l’heure actuelle, un chef d’État russe qui se prend pour un petit dictateur et qui doit être arrêté dans ses élans belliqueux et ça ne pourra être fait qu’avec l’OTAN et les États-Unis.
Mme Le Pen sur l’Europe
« L’UE est presque déjà finie. Plutôt que d’attendre la fin de l’UE dans le chaos, je vous propose d’organiser sa transformation dans une Europe des nations.» M. Le Pen, 2017
La France est un pilier de l’Europe et le Président Macron un Européen convaincu, imaginez l’apparition d’une personne peu aux faits des questions européennes et opposée à l’Europe.
Elle veut doubler le nombre de douaniers pour « protéger » le territoire français. Mme Le Pen n’a pas compris que la France se situait dans une union douanière depuis la création de l’Europe et que nous ne sommes pas dans une zone de libre-échange. Une union douanière se caractérise (partout dans le monde) par une zone intégrée de libre circulation des marchandises et des personnes à l’intérieur des pays qui la composent avec des barrières douanières externes pour tous les produits qui entrent dans l’union douanière. En mettant des douaniers aux frontières de l’hexagone, elle mettrait en cause le marché unique et se mettrait à dos les autres pays membres de l’UE, car c’est interdit par les traités et ce serait une aberration économique.
Mme Le Pen considère que la France est un contributeur net au budget européen et veut unilatéralement réduire notre contribution. Ça consisterait à refuser les règles du jeu qui s’appliquent à tous les pays membres de l’UE. Ça serait source de conflits entre États membres et réduirait le rôle de la France au sein de l’UE.
Mme Le Pen veut introduire la préférence nationale en matière de prestations sociales. Ça va à l’encontre de la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’Union européenne.
Toutes ces actions a priori contre l’UE auront comme effet d’isoler et réduire le rôle de la France au sein de l’UE, c’est exactement l’opposé de ce que souhaite le Président Macron, renforcer le rôle de la France au sein de l’Europe.
Mme Le Pen et Poutine

En fin, le fait que Mme Le Pen soit un soutien explicite de Poutine (comme les autres extrémistes, Mélenchon et Zemmour) et qu’elle ait reçu un prêt, de la part du régime russe, devrait la disqualifier sur le plan moral.
Elle a même dit dans un interview (en 2017) «si vous essayez de dire que la Russie représente pour l’Europe un danger militaire, je crois que vous commettez une erreur d’analyse. »! Certes, elle a dit qu’elle avait changé depuis, mais elle n’a pas, à notre connaissance, refusé le prêt accordé par Poutine pour appuyer sa campagne et on peut avoir des doutes sur sa sincérité.
Si elle arrivait au pouvoir maintiendrait-elle les sanctions contre Poutine avec la même détermination que Macron ? On peut en douter, elle qui disait en 2017, «Nous ne croyons pas dans une diplomatie de menaces, de sanctions ou dans une diplomatie de chantage que l’Union européenne, malheureusement, applique de plus en plus contre la Fédération de Russie et contre ses propres membres ».
Elle remettra en cause les sanctions contre la Russie de Poutine sous le prétexte qu’elles contribuent à accroître le prix des carburants donc réduisent le pouvoir d’achat des Français.
Elle continue à dire que Poutine peut devenir un allié de l’Occident (à la fin de la guerre…). « L’air de rien, les grandes lignes que je défends sont les grandes lignes qui sont défendues par M. Trump et par M. Poutine ». Son slogan est emprunté à Trump, «rendre la France aux Français».
La victoire de Macron n’est pas assurée le 24 avril. E. Macron a obtenu au premier tour, 28% des voix, Le Pen 23%, mais le troisième homme, Mélenchon a reçu 22% des votes. Ses électeurs sont les électeurs marginaux qui vont faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Leurs votes en faveur de Macron sont loin d’être assurés, un certain nombre voteront par dépit et haine contre Macron en faveur de Le Pen.
« Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite »
Joseph de Maistre, lettre à M. le Chevallier, 1811
Tâchons d’être une nation qui choisit un chef d’État digne de l’idée que nous nous faisons de la France. Le choix rationnel est pour E. Macron. La France ne peut être conduite par une populiste (à l’image de Trump). La France doit rester dans la mondialisation et accepter la concurrence internationale. La France doit rester dans l’OTAN et faire comprendre qu’elle adhère sans failles à l’article 5 du Traité. La France doit accroître son budget militaire et accepter que les États-Unis restent la ligne de défense contre un dictateur (contrairement à ce que dit Poutine, ce n’est pas l’OTAN qui est une menace pour la Russie, mais la Russie qui envahit un pays indépendant). La France doit continuer à être un leader en Europe. La France doit continuer les sanctions contre la Russie même si c’est au prix d’une baisse inéluctable du pouvoir d’achat des Français. La France ne peut avoir un Président complaisant avec un dictateur. Imaginons que demain, il y ait dans le monde trois chefs d’État, Mme Le Pen en France, Orban en Hongrie, Mateo Salvini en Italie, il ne manquerait que Trump aux États-Unis…ils n'auraient plus qu’à fournir des armes à Poutine.
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